Au vu des avantages et limites des méthodes agiles et des méthodes classiques, quels critères retenir pour choisir la méthodologie qui conviendra le mieux à votre contexte ?
Alors que les méthodologies agiles ont le vent en poupe, nous avons pu voir dans un premier article (à retrouver ici) qu’à l’image des méthodes classiques, elles ont des avantages mais également des limites. Il est donc nécessaire de se poser la question de la méthode à retenir pour sécuriser son projet.
L’analyse des points forts et des limites des différentes méthodes nous permettent de dégager une liste non exhaustive de critères permettant d’orienter le choix d’une méthode de projet.
Maîtrise du périmètre
Le premier critère que nous avons sélectionné est le niveau de définition du périmètre du projet.
S’il s’agit d’un projet dont le périmètre est défini à 99%, (Ex. : migration à iso-fonctionnalités, évolutions réglementaires ), alors il n’y a pas de marge de manœuvre pour des ajustements ou évolutions . Les bénéfices des méthodes agiles (adaptation aisée aux contraintes/évolutions, prise en compte rapide des changements…) ne pourront pas être mis à profit. De l’autre côté, les inconvénients des méthodes classiques (effet tunnel, ajustements coûteux…) semblent prendre une importance bien moindre. Leur capacité à planifier de façon précise est un argument de poids dans le choix d’une méthode pour ce type de projet. On peut alors être tenté d’avancer que les méthodes classiques sont plus adaptées pour ce style de projet bien qu’elles conservent certaines de leurs limites (manque de dialogue entre la MOE & la MOA, …) et que les méthodes agiles gardent des avantages à faire valoir (sollicitation régulière du client, …).
Au contraire, si le niveau de définition du périmètre est moins complet et qu’il y a plus d’inconnu que de connu (Ex.: la création d’un site web ou d’un nouveau produit ) , alors une certaine marge de manœuvre est laissée à l’équipe projet. Dans ce cas, l’entièreté des bénéfices des méthodes agiles et des inconvénients des méthodes classiques s’applique. Il semble que les méthodes agiles soient plus adaptées pour mener ce type de projet.
Culture d’entreprise
Un autre critère qui devrait être pris en compte dans le choix de la méthode de projet est la culture d’entreprise.
Là encore, c’est une dimension à prendre en compte en fonction des objectifs et contraintes du projet en question. En effet, si le projet est contraint par un délai court ou budget serré, il conviendra d’apprécier la culture d’entreprise avant de choisir une méthode classique ou une méthode agile. Chaque entreprise ayant un style de méthode de projet auquel les collaborateurs sont fortement habitués, le choix d’une méthode nouvelle demandera un temps d’appropriation et d’adaptation certain. Ce qui se traduira par une durée du projet rallongée et par conséquent des impacts sur le coût total du budget. Il est donc conseillé d’opter pour la méthode qui est déjà la plus maîtrisée par les équipes.
Dans le cas où les contraintes de temps et de budget ne sont pas aussi fortes, le choix de la méthode de projet est plus libre et pourra se baser sur d’autres critères. Le temps d’appropriation d’une nouvelle méthode aura toujours les effets présentés précédemment, toutefois on peut noter que les entreprises ne sont pas égales face au temps d’adaptation des équipes à de nouvelles méthodes ou organisations. Les facteurs qui peuvent expliquer ces écarts sont nombreux et ne pourront pas être développés ici.
Disponibilité des utilisateurs
Le niveau de disponibilité du client/utilisateur final est également un critère prépondérant dans le choix d’une méthode de projet.
Si celui-ci est très disponible, voire même intégré dans l’équipe projet dans une situation idéale, alors les méthodes agiles semblent être les plus adaptées. En mettant au cœur du projet le besoin utilisateur, ces méthodes nécessitent une implication importante du client. Il doit pouvoir être sollicité aussi fréquemment que l’équipe projet le souhaite. Or, si certains projets peuvent se contenter d’une participation régulière lors d’évènements du type Sprint Review (4h maximum par itération) pour la méthode Scrum, d’autres plus complexes nécessiteront une disponibilité du client quasiment quotidienne. Dans le cas où ces conditions sont remplies, les méthodes agiles permettront de délivrer un produit/service au plus proche du besoin utilisateur en réduisant au maximum le risque « d’effet tunnel ».
Tandis que les méthodes classiques demandent une organisation tout autre, le client sera fortement sollicité mais uniquement sur la partie amont du projet (phase de spécifications). Cette pratique semble plus adaptée lorsque l’on sait que le client final n’a qu’une disponibilité limitée, ; elle permet de concentrer sa participation sur une période précise. Il faudra toutefois veiller à la prise en compte des limites de ces méthodes classiques (« effet tunnel », phase de corrections/évolutions complexe, …).
Contexte économique
Enfin, une quatrième variable nous semble intéressante à prendre en compte dans le choix d’une méthode de projet. Il s’agit du contexte économique dans lequel s’inscrit le produit/service.
Si l’on est confronté à un marché en pleine transformation (e-commerce, streaming vidéo, streaming audio…), les capacités d’adaptation au changement, d’innovation ainsi que le Time-to-market rapide qu’offrent les méthodes agiles plaident grandement en leur faveur. Elles permettront d’éprouver de nouveaux concepts, de faciliter la disruption d’une offre ou encore d’assurer une démarche d’amélioration continue primordiale dans un marché concurrentiel impacté régulièrement par les innovations technologiques. Au contraire, la rigidité et les coûts élevés d’évolution constatés dans les méthodes classiques ne semblent pas adaptés à ce type de situation.
Dans le cas où le projet s’inscrit dans un contexte ou l’innovation est bridée, voire inexistante (réglementaire, construction, …), les méthodes agiles ne semblent présenter aucune plus-value par rapport aux méthodes classiques. Nous pouvons même considérer que le marché économique auquel appartient le projet aura un impact sur le niveau de définition du projet. Nous rejoindrons alors le premier critère évoqué plus haut, car moins il y a aura de places pour des évolutions et plus le périmètre sera défini. Dans ces circonstances, les méthodes classiques semblent les plus adaptées.
En conclusion, adaptez la méthodologie à votre contexte !
Le choix d’une méthodologie de gestion de projet doit prendre en compte un ensemble important de paramètres. Les avantages, inconvénients et critères évoqués dans cet article n’en représentent pas l’exhaustivité.
Finalement, il revient à chaque entreprise, et à chaque service au sein de cette entreprise, de donner l’orientation qu’elle souhaite à ses principes de gestion d’un projet.
In fine, l’application pure et dure d’une méthodologie peut ne pas toujours être judicieuse. La bonne solution sera souvent de partir d’une méthodologie dominante et de l’adapter en fonction de votre contexte, de vos ressources et de vos ambitions.
Et vous, comment déterminez-vous la méthodologie à adopter pour un projet ?
Auteurs : B. Mery, F. Blondet & C. Sertillanges
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